Essai de théologie philosophique
vendredi 3 décembre 2004,
Le reniement de saint Pierre pouvait-il ne pas avoir lieu après que Jésus l’eut prédit, étant admis que cette prédiction exprimait la prescience infaillible de Dieu ? Et, dès lors, Pierre pouvait-il encore àªtre libre et responsable de ce reniement ? La question de la compatibilité entre la prescience (divine) et la liberté (humaine) n’est pas nouvelle, et elle n’est pas réglée. Elle donne une figure particulière au problème des « futurs contingents » et constitue une difficulté
majeure pour une conception de Dieu qui veut maintenir l’attribut d’une omniscience portant sur les actions libres futures, tout en comprenant cette liberté comme un pouvoir d’agir autrement. Quelles sont exactement les raisons de cette incompatibilité apparente, et prétendue de manière croissante par les philosophes contemporains de la religion ? Et pourquoi les réponses classiques ne sont-elles pas jugées recevables ? Il revient à une théologie philosophique d’instruire le débat, de dégager ses enjeux, et d’avancer une réponse. Tel est l’objet de ce livre qui tente une défense de la compatibilité entre les concepts de prescience essentielle et de liberté entendue au sens fort (libertarien, incompatibiliste), après une présentation et une discussion des solutions traditionnellement appelées « boécienne », « ockhamiste » et « moliniste ».
Presses Universitaires de France - PUF - 2004 - 241 pages.
Table des matières
Introduction Le reniement de Pierre. Le paradoxe de la prophétie et l’idée de théologie philosophique
1. Dieu ouvert ou Dieu fermé
2. Liberté et nécessité
3. La nécessité accidentelle des actions présues
4. Fatalisme aléthique et fatalisme théologique
5. Prescience temporelle et science atemporelle
6. La souplesse des croyances divines : la solution ockhamiste (I)
7. La contingence du passé : la solution ockhamiste (II)
8. La science moyenne des conditionnels de la liberté : la solution moliniste
9. Les objections logiques
10. L’objection ontologique
11. Science atemporelle et relativité des modalité
12. Eternité et volonté divines
Professeur. Métaphysique, philosophie de la religion, philosophie médiévale.
Courrier électronique : cyrille.michon@univ-nantes.fr
Foi et croyances religieuses
Philosophie n. 145 (mars 2020), p. 102-120
De manière très générale, la foi est une attitude propositionnelle, l’attitude de croire portant sur un contenu propositionnel. Il convient également de faire une place à la croyance ou au croire qui correspond à une adhésion à celui qui parle, au sens o๠«  je vous crois  ». Le croire de la foi se rapporte à Dieu ou à celui qui parle pour Dieu, le prophète. La foi c’est alors croire Dieu. Pour proposer une élucidation de cette conception de la foi comme croire Dieu, je commencerai par la mise en place de (...)
Revue Thomiste 119 (2019 n°4) : p. 531-576
Lectures de la Somme de théologie, IIa-IIae, q. 64, a. 7
L’article de la Somme consacré à l’homicide en situation de légitime défense a traditionnellement été tenu pour la source de la doctrine du double effet, formulée par les théologiens puis par le Magistère catholiques. Pourtant, des lectures incompatibles en ont été faites dès la seconde scolastique, qui sont présentée dans la première partie de cette étude. Une divergence majeure oppose ceux qui, comme Cajetan, trouvent bien dans le texte de saint Thomas la distinction entre effet visé et effet seulement (...)
Encyclopédie philosophique en ligne
Dieu est Dieu, nom de Dieu. Ce titre tautologique et ironique de Maurice Clavel pourrait servir à marquer la difficulté de dire plus, de dire quoi que ce soit, sur Dieu, y compris ce que signifie le mot ‘Dieu’. L’exposé qui suit se limitera à son usage au singulier, sans article et fonctionnant comme un nom propre, qui est le plus courant dans le monde occidental contemporain. Il est notamment utilisé dans les trois grandes religions dites monothéistes (Judaà¯sme, Christianisme, Islam) et dans les (...)
University of Notre Dame (IN), 21-23 Jan. 2018
Communication keynote pour un colloque organisé à l’occasion des 60 ans de l’article d’Elizabeth Anscombe « Modern Moral Philosophy  », avec J. Frey, A. McIntyre, C. Vogler, R. Wiseman
Programme : http://nanovic.nd.edu/events/2018/0...
in J.-B. Guillon, Le libre arbitre. Approches contemporaines.
Sommaire : 1. La stratégie de Frankfurt contre le PAP et sa généralisation aux conséquences. 2. Les ressources de la Conception Causale. 3. La responsabilité pour les conséquences inévitables d’omissions imputables. 4. La responsabilité pour les conséquences inévitables des actions. 5. Conclusion
Religious Studies 53 (3), 2017, 387-401
Numéro Spécial pour les 80 ans de R. Swinburne
The affective view of faith, as opposed to the doxastic or cognitive view, giving more importance to the goodwill than to belief content, has received much support in recent philosophy of religion, including from Richard Swinburne. Swinburne’s concept of faith is no less rational than his concept of religious belief, but its rationality is that of action or of a practically oriented attitude, aiming at the goals of religion, compatible with religious disbelief (belief that the religious (...)
Peter van Inwagen
Traduction de Cyrille Michon
L’Essai sur le libre arbitre de Peter van Inwagen a largement contribué, depuis sa publication en 1983, au développement des discussions contemporaines sur la métaphysique de la liberté et sur les fondements de la responsabilité morale. Il importe autant par la position qu’il défend, en restaurant la thèse de l’incompatibilité du libre arbitre et du déterminisme contre le compatibilisme dominant à l’époque, et par sa cartographie des positions et des arguments, qui balisent toujours les discussions (...)
Philosophers’ Imprint - Vol. 10, N°17, May 2017
Thobias Hoffmann and Cyrille Michon
From the early reception of Thomas Aquinas up to the present, many have interpreted his theory of liberum arbitrium (which for Aquinas is free will specifically as the power to choose among alternatives) to imply intellectual determinism : we do not control our choices, because we do not control the practical judgments that cause our choices. In this paper we argue instead that he rejects determinism in general and intellectual determinism in particular, which would effectively destroy (...)