Questions nouvelles à  la démocratie ? New Questions to Democracy ?

Questions nouvelles à  la démocratie ? New Questions to Democracy ?

Colloque organisé par Magali Bessone et Catherine Colliot-Thélène (Université de Rennes 1, 21-22 mai 2015).

Il est fréquent de lire ou d’entendre aujourd’hui que notre modèle démocratique est « en crise ». On s’interroge sur les valeurs directrices de la démocratie et leur éventuelle contradiction interne (la liberté ou l’égalité), sur ses « justes » modalités (représentative, délibérative, participative), sur les rapports entre démocratie, libéralisme et républicanisme, sur l’articulation entre institution et contestation, etc. De ce point de vue, notre époque n’a rien d’original. L’histoire du 20e siècle est jalonnée d’épisodes de « crises de la démocratie ». Ce qui distingue pourtant le diagnostic actuel de ceux du passé est qu’il ne s’accompagne pas d’une dévalorisation de la démocratie elle-même : il est entendu que « démocratie » est le nom du bon régime, les divergences ne portant que sur la détermination de ce que l’on doit entendre sous ce terme.

Or l’évidence normative de la démocratie s’accompagne d’une indétermination croissante de son sens. Cette indétermination est d’autant plus grande qu’elle affecte les échelons auxquels il apparaît pertinent de poser la question de la démocratie aujourd’hui. La souveraineté du peuple a longtemps été interprétée dans le cadre de l’état national, et certains considèrent encore que c’est uniquement à  cette échelle que le concept peut avoir un sens politique. Cette conception traditionnelle de la démocratie est cependant battue en brèche de deux côtés. La critique des insuffisances de la représentation induit tout d’abord à  promouvoir des formes différentes et plus intenses d’activité politique de la part des citoyens, dont les exemples restent jusqu’à  ce jour cantonnés à  des échelons plus locaux. D’un autre côté, la globalisation de l’économie et le développement d’instances de pouvoir – juridiques et politiques – supranationaux, en limitant la souveraineté réelle des états, incitent à  étendre la démocratisation à  des échelles supérieures, régionales (l’Union européenne, par exemple), voire mondiale.

En croisant les analyses d’historiens, de politistes et de philosophes, ce colloque poursuit deux objectifs solidaires :

– en premier lieu, nous souhaitons comparer la teneur des critiques des régimes démocratiques modernes émises à  différents moments de leur histoire. Il s’agit de repérer les motifs critiques récurrents (visant par exemple la bureaucratisation, ou les procédures de la représentation) et d’identifier éventuellement les motifs inédits. Il s’agit aussi de comprendre comment ces critiques peuvent être compatibles avec l’accord quasiment sans discordance quant à  la valeur de la démocratie.

– en second lieu, nous voulons déployer le concept de la démocratie au prisme de ses déclinaisons locales, nationales, régionales et mondiale. Les formes de la démocratie peuvent-elles être identiques à  ces différents niveaux ? Si elles sont au contraire différentes, comment s’articulent-elles mutuellement – la critique de l’une s’accompagne-t-elle de la promotion d’une autre ? Le développement de pratiques démocratiques de proximité d’une part, celui d’une démocratie sans frontières à  travers les réseaux sociaux d’autre part, sont-ils complémentaires des structures nationales de la démocratie, dont le noyau reste la représentation ? Ou bien ces pratiques impliquent-elles une refonte en profondeur de l’idée démocratique qui marginalise l’importance des agencements constitutionnels nationaux ?

Programme :

Jeudi 21 mai

9h – accueil des participants

Matinée : Perspectives historiques
9.30 : James Kloppenberg : « The rise of democracy in European and American Thought »

10.20 : Pierre Rosanvallon : « La présidentialisation des démocraties : histoire et problèmes »

11.10 : Pause café

11.30 : Florent Guénard : « Qu’est-ce qu’un modèle de démocratie ? »

12.20 : Discussion générale

13h : Repas

Après-midi : Crise de la démocratie

14h : Aurélien Berlan : « Le citoyen augmenté : un nouveau seuil dans l’aspiration à  se délivrer de la politique ? »

14.50 : Wolfgang Merkel : « Crisis of democracy ? What crisis ? »

15.40 : Pause café

16h : Christine Guionnet : « Initiatives et discours citoyens face à  la ‘crise’ de la démocratie »

16.50 : discussion générale

17.30 : fin de la première journée

Vendredi 22 mai

Matinée : la démocratie en Europe

9.30 : Daniel Innerarity : « L’Europe comme démocratie complexe ? »

10.20 : Agustin Jose Menendez : « Which citizenship ? Whose Europe ? »

11.10 : Pause café

11.30 : Kalypso Nicolaïdis : « European demoï-cracy and its crisis »

12.20 : discussion générale

13h : Repas

Après-midi : Les échelles de la démocratie : du local au mondial

14h : Magali Bessone : « Citoyenneté(s) et nationalité(s) : les marges du demos »

14.40 : Charles Girard : « Pouvoir et vérité : le conflit des opinions en démocratie »

15.40 : Pause café

16h : Catherine Colliot-Thélène : « Une démocratie cosmopolitique ? »

16.40 : Discussion générale

17.30 : fin du colloque



Nous utilisons les cookies pour nos statistiques de fréquentation. En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies