Les dinosaures ont-ils existé?

Les dinosaures ont-ils existé?

La question de l’existence des dinosaures, si c’en est une, est d’abord comprise comme une question empirique. Elle de savoir si les données recueillies, notamment les fossiles, permettent de reconstituer une population animale ayant existé dans une période éloignée, avant de disparaître totalement de la surface de la Terre, et ayant eu des propriétés qui justifient son rassemblement sous une même dénomination. A la différence d’une autre question empirique, comme celle de l’existence de l’Atlantide ou de Jésus, elle pose donc le problème de la valeur de notre classification, car il pourrait se révéler que certains animaux tenus pour des dinosaures relevaient en fait d’une autre lignée animale que les reptiles (oiseaux ou mammifères), ou qu’elle distingue arbitrairement certains archosaures parmi d’autres (les dinosaures sont en fait les gros archosaures). Mais c’est aussi une question philosophique, que l’on peut poser à  propos de bien d’autres termes dits d’espèces ou de genres naturels (natural kinds), à  commencer par ceux d’homme ou de chien. La question philosophique est alors celle du caractère objectif de tout rassemblement ou de toute classification qui nous permet d’organiser notre représentation du monde, ou encore la question du caractère projectible de nos termes classificatoires, et de la valeur de ces projections. Pourraient-elles ne dépendre que de nous, de notre culture, de notre langue ou de notre cerveau ? Il ne s’agit pas seulement de dire que des perspectives différentes peuvent être prises sur le même objet, ou le même spectacle. Car cette manière même de s’exprimer assume l’identité d’un objet ou d’un spectacle sur lequel sont prises différentes perspectives. Le citadin et le paysan n’ont pas la même « vision » de la vache, surtout ces temps-ci. Mais ils s’accordent dans l’identification des vaches dans le pré ou à  l’abattoir. Version préliminaire d’un texte paru dans Le réalisme des universaux, dir. V. Carraud et S. Chauvier, Cahiers de l’Université de Caen, 38-39, 2002, 229-248

Documents joints



Nous utilisons les cookies pour nos statistiques de fréquentation. En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies