La chanson dans les cinémas d’Europe et d’Amérique Latine (1960-2010)

La chanson dans les cinémas d’Europe et d’Amérique Latine (1960-2010)

Depuis les années 1990, les études théoriques et analytiques consacrées au(x) rôle(s) de la chanson dans le cinéma se sont multipliées. Les publications, émanant souvent de l’académie anglo-saxonne, ont porté d’abord sur le cinéma classique hollywoodien, avant de traiter aussi des cinémas indépendants et d’autres origines, notamment européenne. Dans le cinéma latino-américain, la chanson populaire constitue toujours un objet d’étude assez peu fréquenté, malgré son immense portée. Jusqu’à  présent, en ce qui concerne les cinémas d’Europe et d’Amérique Latine, la majorité des travaux qui se sont intéressés à  la place de la musique populaire ont visé la période classique ; ils se sont ainsi concentrés d’une part sur certains cinémas nationaux canoniques européens tels que le cinéma français des années 30 ou les premiers films allemands chantants et dansants, et, d’autre part, sur « l’âge d’or » des cinémas mexicain et argentin (avec les comédies rancheras et les mélodrames cabareteros au Mexique, ainsi que les films fondés sur des tangos en Argentine). Quand elles examinent le cinéma post-classique, les études sur la chanson se limitent généralement à  certains genres filmiques (comme le biopic musical) ou musicaux (comme le rock), ou aux œuvres de certains réalisateurs exemplaires (comme Almodà³var). Or l’aspect musical et chanté, qu’il soit intra, méta ou extradiégétique, a acquis un force nouvelle et singulière dans les formes récentes des cinémas européens et latino-américains, aussi bien dans leurs produits industriels que dans les « films d’auteur ».

Ce colloque se propose d’aborder le fonctionnement sémantique et pragmatique des chansons dans les cinémas européens et latino-américains à  partir des années 1960, c’est-à -dire depuis l’époque des « nouvelles vagues », qui est aussi celle d’une synergie commerciale accrue entre cinéma et musique populaire (avec, notamment, le phénomène des idoles télévisées érigées en stars de cinéma). Les chansons en question peuvent être originales ou préexistantes, mises en spectacle ou utilisées comme contrepoint et accompagnement. On distinguera par exemple, en reprenant les catégories proposées par Louis-Jean Calvet et Jean-Claude Klein, la chanson-action, la chanson-exposition qui introduit un personnage, la chanson-synthèse (catalyseur du film), la chanson-pause qui suspend l’action, la chanson-leitmotiv ou encore la chanson de générique. Il s’agit donc d’examiner les rôles des chansons par rapport à  la diégèse, à  la structure narrative et au rythme des films, mais aussi leurs effets en termes de réception, ce qui implique notamment de prendre en compte les valeurs et références extradiégétiques qu’elles véhiculent dans les films en tant qu’intertextes culturels connotés, ainsi que les moyens médiatiques qui ont accompagné leur diffusion (revues de spectacle, telenovelas, publicités télévisuelles, etc.). Une telle analyse invite à  combiner plusieurs approches (esthétiques, sémio-narratologiques, pragmatiques, musicologiques, culturelles, historiques), à  traiter les problématiques du genre (Gender) et du transnationalisme et à  réexaminer certains binômes ou trinômes traditionnels de la théorie de l’art et du cinéma (culture d’élite versus culture populaire et culture de masse ; cinéma d’auteur versus cinéma commercial ; cinéma classique versus cinéma moderne et postmoderne). D’autre part, si le cinéma classique n’est pas l’objet du colloque, il est indispensable de le prendre en compte et de le réévaluer, dans la mesure où la modernité cinématographique se fonde sur une relation dialogique avec le classicisme.



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